Éditorial# Et si on reparlait de la gestion des risques ?
La crise sanitaire actuelle est propice aux débats et souvent aussi aux polémiques voire aux règlements de comptes. Ceux-ci sont malheureusement parfois stériles (les masques comme les débats !).
La question des masques a largemené focalise le débat : niveau des stocks, destructions, commandes, négociations pour les achats …
Si l’on prend un peu de recul sur cette question, on ne peut que s’étonner de la difficulté à faire un retour d’expérience rationnel sur les crises sanitaires précédentes, même si elles n’ont pas eu la dimension catastrophique présente.
Au-delà des émotions, souvent légitimes que la situation actuelle génère, ne faut-il pas faire les constatations suivantes :
- Le débat sur les stocks de masques lors de la crise sanitaire précédente a été surtout posé en termes économiques (bon usage de l’argent public) ce qui est légitime mais limité comme point de vue …
- L’analyse des risques sanitaire n’a sans doute pas assez pesé dans l’appréciation de la situation : quelle occurrence du risque, quelle gravité potentielle ?
Même si cette analyse a été produite dans des cercles experts, elle n’est pas devenue l’objet d’un débat public, c’est-à-dire politique au meilleur sens du terme !
Pourtant dans une nation mature sur le plan politique, on pourrait souhaiter un éclairage et des décisions démocratiques sur :
- Ce qu’est le niveau de risque réel,
- Sur le niveau d’acceptation de ces risques par la collectivité,
- Sur les coûts que nous sommes prêts en tant que citoyens à accepter pour parer aux risques identifiés.
Un tel débat, outillé et rationalisé, grandirait un pays qui vit avec tant d’anxiété et de douleur la pandémie actuelle et nous aiderait à relativiser les émotions et la rationalité comptable qui semblent trop souvent être à la manœuvre aujourd’hui.